Quand le passé rencontre le futur
La tant attendue compilation A State Of Trance 2018 d’Armin Van Buuren vient de sortir et la qualité de la sélection musicale est remarquable.
Comme d’habitude elle est séparée en deux parties : « On The Beach » et « On The Club »
CD1 : On The Beach
Ouvert par « The Last Dancer », l’une des dernières bombes d’Armin en compagnie du très talentueux Shapov, le ton est tout de suite donné. Des instruments et une production très moderne mais avec des sonorités et une construction plutôt conservatrice. Le break illustre parfaitement cet exemple avec ses pads et surtout ses voix qui nous ramènent à l’époque de tubes comme « Orbion » d’Armin ou « Tuvan » de Gaia.
Ce nouvel opus souligne clairement la direction que va prendre la Trance cette année mais aussi dans le futur. Des drops avec des basses qui roulent toujours plus et des synthés très forts pour une explosion d’énergie contrastée par des breaks plus mélodieux et recherchés ou la musicalité reprend le dessus. On ressent ce contraste également au niveau des sonorités et des instruments. Les basses très modernes s’opposent à des synthétiseurs plus conservateurs ayant la volonté d’amener cette euphorie si caractéristique du style.
La tracklist elle même marque ce « yoyo » entre les sonorités. L’enchaînement du « Bloom » d’Estiva par le « Nova » de Maor Levi est excellent et met en lumière deux productions assez différentes. La création progressive et musicale d’Estiva face à la brutalité de Maor offre une variété de sonorités très intéressantes.
Pour les plus sceptiques, le futur par le retour aux sources est très prononcé avec l’exceptionnel remix de « Sunset On Ibiza » du Three Drives par BLR. Les synthés à l’ancienne sur une production moderne taillée pour les clubs ou festivals fera sensation cet été. On sent que le style progressif évolue au profit de sonorités électroniques plus marquées, et c’est peut-être le seul défaut que l’on pourrait noter sur ce CD1 : l’absence de titres vraiment progressifs. On commence tout de suite avec des sonorités très mainstage. Il manque cette touche très plage que l’on attend finalement de ce premier CD. L’exemple du titre de The Blizzard est peut-être l’un des plus marquant. Les deux Norvégiens nous ont habitué depuis des années à des titres très progressifs dans leur construction et avec des instruments très profonds et des voix hypnotiques. Même si « Tind » est un très bon morceau, il manque les caractéristiques habituelles de leurs titres, au profit de synthés plus classiques.
La suite est tout de même excellente et nous a ravi sans difficultés. Notre gros coup de coeur de ce premier CD revient à Protoculture pour « Sanctuary ». Si vous êtes déçu de ne pas voir de morceau de Gaia sur cette compilation, le premier drop devrait facilement vous consoler. Le Sud Africain délivre une bombe club remarquable. Le travail de la basse est remarquable et le break à couper le souffle. Le build up lui maintient l’émotion avant de déboucher sur un nouveau drop explosif qui fera lever les bras à de nombreux clubbers et festivaliers.
Et pour conclure avec ce premier CD, c’est une grande joie de retrouver l’un des producteurs les plus doués de sa génération et que nous aimerions entendre plus souvent : Airbase ! Le Suédois comme à son habitude nous gâte d’un bijou à la musicalité et aux instruments finement travaillés. Les percussions qui roulent grâce à une ligne de basse parfaitement maîtrisée sont d’un plaisir extrême pour les oreilles. De plus ce retour d’une trance conservatrice est plus fort que jamais sur ce titre. Vous vous souvenez de Tiësto avant 2010 ?
CD2 : On The Club
Fini les douces mélodies, et place à la frénésie d’une nuit en club que vous n’êtes pas prêts d’oublier ! L’ouverture se fait sur l’excellent « Mowgli » de Fatum. Ce morceau est exceptionnel de part sa qualité de production et sa musicalité bien sûr, mais aussi par toutes les influences artistiques que nous pouvons entendre. Cette ouverture est sans nul doute influencée par Jean Michel Jarre et sa fameuse harpe laser suivi d’arpégiateurs à la Daft Punk et de basses bien grasses à la manière de Justice. La « French Touch » est passée par l’Amérique semble-t-il.
La suite est très moderne, que ce soit avec Kyau & Albert, l’incontournable Simon Patterson ou encore David Gravell qui ne cesse de nous impressionner cette fois ci avec « The Future », la compilation prend des airs explosifs. La musicalité est purement euphorique et nous nous délectons de basses roulantes et profondes. Après nous avoir mis une claque sur le premier CD, Protoculture remet ça avec « Thirty Three South ». Le talent de producteur du Sud Africain est vraiment hors norme et c’est toujours un plaisir de découvrir ses morceaux. L’écurie des valeurs sûres d’Armada Music et d’A State Of Trance est présente, à l’image de KhoMha ou le désormais immanquable Davey Asprey. Bien qu’un petit plus orienté mainstage, leurs morceaux sont très bons !
Et continuons sur un titre qui avait fortement attiré notre attention et que nous pouvons enfin découvrir comme il se doit : Rising Star feat. Fiora – « Just As You Are ». Le son uplifting et conservateur de Rising Star est très présent avec un break un délicieux break au piano accompagné par Fiora. L’air bien qu’un petit peu facile sur le buil up est très bon et efficace surtout pour laisser place à un drop uplifiting dans les règles de l’art. Que c’est bon d’entendre la maîtrise d’Armin sur cet exercice Uplifting. Il est clair que le morceau ravira les fans des premières heures du Néerlandais et se place très certainement dans les prétendants au « Tune Of the Year 2018 ».
Mais pas de répit, on enchaîne avec « Midnight », la nouvelle bombe de l’infatigable Allen Watts. Un artiste supporté à fond par Armin Van Buuren qui lui offre ainsi une très belle place au sein de cette compilation. Pour information, Allen Watts sera à Paris pour la Timelab Unity le 26/05/2018. Vous pouvez retrouver toutes les informations relatives à l’événement en cliquant ici.
Le coup de coeur de ce CD2 va à Assaf et Nianaro et l’incroyable « Chapter Ten ». Là encore nous nous sentons propulsés dans le passé. Quelle magie dans l’utilisation des synthétiseurs ! L’impact est immédiat surtout après ce break au piano d’une incroyable force émotionnelle. Bravo à eux !
Un peu plus loin dans la compilation nous pouvons découvrir un « ID » entendu pour la première fois lors de ASOT 850 à Utrecht en février. Il s’agit de la collaboration entre Armin Van Buuren et Alexander Popov ! Après Shapov, voici donc une nouvelle collaboration avec un Russe ! Le titre tournera sans aucun doute en boucle dans les sets d’Armin. Il possède là encore ce côté Future Trance Psy avec un break conservateur plus orienté sur l’émotion. La fin de la compilation est aussi très intéressante car elle propose une alternance entre des sonorités Tech et Psy très puissantes et une uplifting très pure. Armin fait donc un tour d’horizon de ce que nous pouvons aujourd’hui entendre sur une scène Trance très éclectique.
Enfin le morceau qui a attiré toute notre attention en cette fin de mix c’est le remix du classique « Whithout You » de Dogzilla (allias Simon Patterson) par le maître de la Tech Uplift : Alex Di Stefano. Quel remix ! Nous retrouvons un Alex plus inspiré que jamais, mais plus violent aussi. La bassline roule très rapidement et est plus agressive et acide que d’habitude. Un morceau que nous retrouverons surement dans les sets aux tendances conservatrices et oldskool de Bryan Kearney ou même John Askew. La vocale a été supprimée pour renforcer la place des instruments et ainsi offrir un build up fou, préquel d’un second drop ravageur.
En conclusion, la différence musicale entre ces deux CD est (comme toujours) très grande. Cette nouvelle compilation offre un tour d’horizon complet de ce nouveau visage que prend la Trance. La progressive « pure » commence étrangement à disparaître de cette compilation alors qu’elle est de plus en plus appréciée par le public. Mais les autres types de Trance ne sont pas en reste. Le style grand public que développe Armin depuis quelques années se compléxifie pour proposer des sonorités et des productions de plus en plus riches et créatives. Ce retour d’un son ancien dans les breaks est plus que bon signe et laisse espérer de plus en plus d’originalités dans les années à venir. Le côte club lui devient de plus en plus large. Des sons plus sombres et profonds de Purple Haze à la mode Psy Trance, le spectre Club s’est élargi et cherche aujourd’hui à se renouveler pour apporter toujours quelque chose de nouveau. Cette mutation du style est très intéressante et nous y jetterons une oreille attentives.
Vous pouvez écouter ou acheter cette nouvelle compilation en cliquant ici
Retrouvez la Tracklist complète ci-dessous :
CD1 (On The Beach)
- Armin van Buuren vs Shapov – The Last Dancer
- Whiteout & Wilderness – Yalung
- Tom Fall – Cyclone
- Estiva – Bloom
- Maor Levi – Nova
- Three Drives – Sunset On Ibiza (BLR Remix)
- Seven Lions feat. Rico & Miella – Without You My Love (Myon Definitive Mix)
- Alex Sonata – Only One
- Denis Kenzo, Fahjah & Kate Miles – Who I Am
- Wrechiski – Fervour
- The Blizzard – Tind
- Alex Sonata feat. Dean Chalmers – Bridges
- Purple Haze – Bergen
- The Thrillseekers presents Hydra – Affinity 2018
- Fatum – Violet
- Super8 & Tab feat. Hero Baldwin – Burn
- GNX – Empire
- Joel Hirsch & HALIENE – Run To You
- Protoculture – Sanctuary
- Alex Kunnari – Sundown
- Airbase – Vermillion
CD2 (In The Club)
- Fatum – Mowgli
- Kyau & Albert – The Night Sky
- Simon Patterson feat. Lucy Pullin – Fall For You
- David Gravell – The Future
- DRYM x Omnia – Ethereal
- Protoculture – Thirty Three South
- Davey Asprey – Kaiju
- KhoMha – Tierra
- Armin van Buuren presents Rising Star feat. Fiora – Just As You Are
- Allen Watts – Midnight
- Assaf & Nianaro – Chapter Ten
- Craig Connelly feat. Roxanne Emery – This Life
- Roman Messer feat. Christina Novelli – Fireflies (Jorn van Deynhoven Remix)
- Armin van Buuren vs Alexander Popov – Popcorn
- Giuseppe Ottaviani – Till The Sunrise
- DRYM – Spider
- Beatsole & TH3 ONE – Maia
- Sunset & Kiran M Sajeev – Just A Dream
- Armin van Buuren feat. Conrad Sewell – Sex, Love & Water (DRYM Remix)
- Dogzilla – Dogzilla (Alex Di Stefano Remix)
- Armin van Buuren – Be In The Moment (ASOT 850 Anthem) [Ben Nicky Remix]