Samedi 23/02 l’un des rendez-vous annuels des fans de trance avait lieu à Utrecht aux Pays Bas : A State Of Trance. L’émission phare d’Armin Van Buuren, fêtait son 900ème épisode et l’organisateur (Alda Events) a promis d’amener les fans présents pour cette soirée encore plus que loin que d’habitude, d’où l’anthem « Lifting you higher » (Vous soulever plus haut en traduisant littéralement). Oui mais voilà, après une précédente édition exceptionnelle, le pari était assez risqué, et nos exigences plutôt hautes.
Le line-up
Bien qu’ayant divisé quelques personnes au début, tout le monde s’est vite mis d’accord pour dire que cette année 2019 était excellente. Les choix artistiques ne dépendent plus des artistes en vogue chez Armada Music (label d’Armin Van Buuren) mais cherchent à proposer l’expérience la plus complète possible. Trois sets de la part d’Armin Van Buuren, Giuseppe Ottaviani avec son Live 2.0, Cosmic Gate, Vini Vici, ainsi que l’annonce du trio Above & Beyond ont eu leur succès auprès du public. L’événement s’est ainsi retrouvé sold-out avec plus d’un mois d’avance, chose qui ne s’était jamais produite jusqu’alors. Au total c’est quarante artistes présents sur cinq scènes pour divertir le public en fonction de ses styles de prédilections.
Les scènes, simplicité et harmonie
Progressive
La scène initiée par John 00 Fleming l’an dernier s’est maintenue cette année pour le plus grand bonheur des fans de sonorités progressives. L’occasion de retrouver pour la première fois Gundamea, l’allias progressif du duo Stoneface & Terminal, Dezza (l’une des révélations de l’année dernière), Matt Fax en tant que représentant Français du style ou encore John 00 fleming, soit dit le patron en personne.
La scène a gagné en superficie. Plus spacieuse que l’année passée et toujours aussi sobre, nous gardons l’esprit club qui nous avait plu l’an dernier. Le son y est plutôt bien réglé et nous sommes vite dans l’atmosphère souhaitée.
Road to 1000
La scène en trop ou qui a perdu son esprit d’antan ? La question se pose et le débat peut être lancé. Quelques années en arrière, elle était réservée aux jeunes talents qui ne demandaient qu’à prendre leur envol. La preuve en est avec Estiva, présent il y a deux ans sur cette scène et qui ouvre la mainstage cette année. Avao et Fatum sont des artistes qui méritent plus de lumières en effet, mais la réputation de Ferry Tayle, Dan Stone, Maor Levi ou encore Ruben De Ronde n’est plus à faire. Ces artistes sont bien connus des fans de Trance et nous avons plus l’impression qu’ils ont pris une place d’outsiders sur cette édition. Ce sentiment se renforce quand on observe la timetable où Avao le jeune protégé de Marlo qui possède un style très proche, joue en même temps que son mentor qui lui est sur la mainstage. Un B2B n’aurait-il pas été plus judicieux ?
Esthétiquement parlant la scène est assez simple. Des bandes leds la parcours de tout son long et un écran géant diffuse des effets vidéos derrière l’artiste. C’est sobre, ça n’explose pas dans tous les sens mais on peut tout de même noter les efforts d’Alda pour rehausser cette scène au niveau des autres car elle a longtemps souffert du manque de moyens développés.
La Psy
Contrairement à la road to 1000 qui s’améliore d’année en année, nous avons l’impression que visuellement la scène Psy gagne en simplicité. Des allures de mainstage il y a 3 ans, nous avons ici une scène plus simple et sans folies visuelles. Le point d’orgue des événements psy reste le travail des décors qui y est fait sur les scènes (Hadra, etc…) mais là ça ressemble à la Road to 1000 et on ne se sent pas plongé dans cet univers sombre et hypnotique comme cela pouvait être le cas par le passé. Au niveau du son c’est très (trop) fort notamment pour le set de Shadows Chronicles ou le son nous souffle réellement dessus quand on est au fond de la scène.
Au niveau des artistes, nous retrouvions tout de même des têtes d’affiches telles que Astrix, Captain Hook, Magnus ou encore Ghost Rider.
WAO 138 ?!
Allures de mainstage n°2 l’an passé sans les prétentions de l’être, c’est beaucoup plus assumé cette année (surement dû à l’effet Armin Van Buuren). La Wao 138 ?! souffre elle aussi d’une faiblesse en terme de visuels par rapport à l’année passée. D’une allure de vaisseau spatial il y a un an avec des éléments leds et métalliques sur toute la longueur de la scène, cette année le design est beaucoup plus épuré et nous avons droit comme pour les autres scènes à un écran géant et des leds sur l’ensemble du stage. Niveau artiste, nous pouvions retrouver Mike Push avec son batteur en live, Giuseppe Ottaviani et son concept LIVE 2.0 ou encore Armin Van Buuren.
Mainstage
Bluffé par la structure proposée l’année passée, nous étions curieux de voir ce qu’Alda avait imaginé cette année. Les tubes du lustre à LED de 2018 ont été remplacés par des carrés qui s’élevaient et descendaient au rythme de la musique sur toute la longueur de la salle. Cette disposition était très semblable à celle de la « Megastructure », scène qui héberge ASOT à Miami lors de l’UMF chaque année. Il est vrai qu’en comparaison à l’année précédente nous avons été un petit peu déçu cette année, mais nos attentes étaient peut-être un petit peu trop hautes avouons-le !
Les têtes d’affiches étaient de la partie avec Armin Van Buuren, Above & Beyond, Marlo ou encore Vini Vici.
La Trance Family ou le rendez-vous des habitués
Comme toujours, le public d’ASOT est assez expérimenté et suit le style depuis longtemps. Nous sommes toujours impressionnés de voir une moyenne d’âge plutôt haute (à vue d’œil autour des 30/35 ans) par rapport à d’autres événements EDM. Cependant il semblerait que cette année, les petits jeunes se soient intéressés à l’événement du quadragénaire qu’est Armin Van Buuren. Est-ce l’effet « Blah Blah Blah » ? Il sera donc intéressant de voir si Alda arrive à conserver ce nouveau public.
Au-delà de cette évolution de l’âge, l’ambiance est toujours grandiose avec un public qui profite de la musique dans son coin (et qui ne lance pas des pogos dans tous les sens) mais qui sait aussi lever les mains en l’air et chanter comme il se doit !
L’organisation, propre et carrée
Comme toujours ASOT est très bien encadré. Armés de notre ticket warm up nous sommes arrivés aux alentours de 20h45 au sein du Jaarbeurs et avons tout de suite pu passer, malgré un monde assez important déjà présent sur place (qui n’avait pas de ticket Warm up).
Des casiers sont disponibles pour y déposer vos affaires. Réservables sur internet, il vous suffit de présenter votre code d’accès à l’accueil pour recevoir le numéro de votre casier et son code.
Aucun souci pour avoir toutes les informations au sein du festival. Tout est indiqué et des bénévoles sont là pour répondre à vos questions si besoin. Des plans sont présents un petit peu partout pour vous permettre de retrouver facilement la scène souhaitée.
Nous apprécions également tous les moyens mis en œuvre pour le confort du public. De nombreux stands de nourritures et buvettes sont à disposition. Une aire de repos avec des places assises permet de reprendre des forces si le besoin s’en fait sentir.
Les sets, prêts à vous élevez ?
Élément central de l’événement (ne l’oublions pas), les Dj’s sets ont su nous séduire par leur diversité musicale et l’empreinte unique laissée par chaque artiste. Voici la liste des sets qui nous ont le plus marqués.
Armin Van Buuren – Warm Up Set/ Classic vinyl
Le patron de la soirée n’a pas fait semblant pour commencer ! Habitué à des warm up très progressives et mystiques, quelle ne fut pas notre surprise de voir le boss arriver avec sa sacoche de vinyles et faire sa warm up avec tant de classiques de la trance. Marco V, Tonedepth, Gabriel & Dresden, ou encore ses propres classiques, Armin a fait une sélection musicale très large qui a su nous conquérir sans la moindre difficulté. Un grand bravo à Armin pour ce set de qualité qui nous a fait voyager à travers l’histoire de la Trance. Mention spéciale à son vinyle de Rank1 – Superstring qui a dû servir à quelques reprises et qui a sauté juste avant le drop, ce qui n’a pas manqué d’amuser la foule et Armin lui-même !
Estiva – Mainstage
Un talent qui ne cesse de progresser ! Sur la discrète Road To 1000 il y a deux ans, le voici propulsé sur le devant de la scène en ouvrant le bal sur la mainstage ! Maître d’une musique progressive influencée tant par la trance que la techno, Estiva nous a proposé une large sélection de nouveautés qui devraient nous faire vibrer au cours des mois à venir. La progression de son set et de l’univers qu’il a créé nous a permis d’apprécier un son progressif et saisissant emprunt d’une réelle recherche artistique. Nous avons eu la chance de le rencontrer quelques instants après son set, l’interview arrive vite.
Mike PUSH Live – WAO 138 ?!
Le vétéran de la trance a profité de sa venue Utrecht pour présenter son concept « live », pas de platines DJ, uniquement son ordinateur, des boîtes à rythmes, des synthétiseurs et… Un batteur ! Accompagné tout au long de sont live à la batterie, le belge nous a livré une performance magique avec des sonorités très rétros mais aux saveurs intemporelles. Que ce soit ses classiques tels que « Universal Nation » ou « The Legacy », mais encore ceux des autres (nous pensons notamment au « Adagio For Strings » de Tiësto repris en live), la claque musicale fut des plus grandes.
Armin Van Buuren – WAO138 ?!
Cela faisait quelques temps qu’Armin n’était pas passé par cette scène pour un set spécial Uplifting et Tech Trance. Depuis son virage vers des sonorités plus psy et agressives nous étions curieux de voir comment il appréhenderait un set « 100% » Trance. Clairement, il est venu faire trembler les murs du Jaarbeurs. Il a délivré un set surpuissant très influencé Tech Trance et psy. Nous avons tout de même la petite impression qu’il n’avait pas spécialement préparé de set. En effet, il alternait des sons uplifting très classiques (Man on the Run, Ramsterdam et même le mythique Serenity !) avec des morceaux beaucoup plus agressifs signés Sneijder, Heatbeat ou encore Jorn Van Deynhoven. Clairement, le set est parti dans tous les sens et a mis une énergie à couper le souffle ! C’est plus que plaisant de (re)découvrir Armin se faire plaisir avec des sons plus conservateurs mais tout aussi destructeurs que des gros sons mainstream.
Above & Beyond – Mainstage
Le trio légendaire signait son grand retour sur l’édition Nerlandaise d’ASOT après sept ans d’absences. Très attendus par l’ensemble des fans présents ce soir, il a tout de même fallu faire un choix car ils jouaient en même temps qu’Armin sur la WAO 138 ?!
Quoi qu’il en soit Above & Beyond ont joué un set qui a marqué les esprits. Toujours empreints de leurs moments d’émotion et d’une proximité incroyable avec leur public, ils ont procuré des instants de rêves et de voyages dont eux seuls ont le secret. Accompagnés des écrans géants et de leurs effets lumières et scénographiques habituels, ils ont su fédérer une union magique avec la mainstage le temps de leur set.
Giuseppe Ottaviani Live 2.0 – WAO 138 ?!
Dur est la tâche de mixer après Armin, et encore plus compliqué de mixer au même moment que lui ! Alors qu’après son set sur wao 138 ?! l’infatigable Armin enchaînait avec son set sur la mainstage, nous étions curieux de voir comment le « Maestro » Italien allait s’en sortir. Armin & Mike Push ont atteint des sommets, Giuseppe a modifié l’espace-temps. Le « Music Lover » comme il se surnomme, à profiter de son set pour présenter une partie de son prochain album « Evolver ». L’expérience musicale qui en a suivi était juste incroyable. Le public était dans un état de Trance des plus forts et les morceaux s’enchaînaient avec une fluidité et simplicité venue d’ailleurs. Les sonorités uplifting jouaient avec les effets Tech et Psy Trance. C’était une déferlante d’émotions, d’euphorie et de magie que nous a servi Giuseppe. Clairement notre set favori de la soirée sans hésitation. Bravo et merci pour ce que vous faites pour la Trance M. Ottaviani…
Dezza – Progressive
Face à la magie de Giuseppe nous nous devions de redescendre en pression pour tenir jusqu’au bout. Ça tombe bien, Dezza, l’un des talents montant de la scène progressive œuvrait sur la scène dédiée à ce style. C’est toujours un véritable plaisir de se retrouver sur cette scène. Véritable bulle d’air dans un festival tourbillonnant de monde, la scène progressive vous permet de vous isoler et de vous laisser guider par de belles nappes planantes dans un univers hypnotique où le temps semble s’arrêter.
Jouant avec cette atmosphère et ambiance si particulière, Dezza à livré un set de maître, tout en légèreté mais avec une réelle réflexion artistique nous permettant de savourer chaque instant et de vivre à 100% le moment présent.
Ghost Rider – Psy
Voici un artiste que nous découvrions et qui a su nous séduire par une psy Trance réfléchie, moderne mais aussi grand public. S’inspirant et remixant les succès des autres (Panic Room de Camel Phat, Satisfy de Nero, etc…) l’artiste nous a guidés à travers un set psychologique et surpuissant. Certains puristes regretteront peut-être cette présence soutenue de morceaux vocaux avec des breaks plus accessibles mais les clins d’oeil aux éléments purement Trance de la part d’un artiste Psy fait plaisir et sont à souligner.
John 00 Fleming – Progressive
Véritable légende d’une trance plus underground, le boss John 00 Fleming assurait le closing de sa scène progressive. Quel bonheur de voir ce maître officier dans cette si belle scène (oui, vous l’aurez compris c’est peut-être la scène qui nous a le plus convaincu finalement esthétiquement parlant). Il a délivré tout ce dont on pouvait attendre de lui en l’espace d’une heure seulement. Des premiers morceaux hypnotiques et mystiques à la progression sombre et torturée, aux titres plus mélodiques et prêtant au voyage, il a su nous proposer une sélection d’une grande qualité. Quelle ne fut pas notre surprise de l’entendre clôturer son set par deux classiques de la trance : Mike Push – Universal Nation et Tiësto – Suburban Train. Un set qui est passé beaucoup trop vite. Le public en voulait encore !
Futurecode – Mainstage
Nous voici arrivé au closing de cette soirée épique, qui nous a fait vivre tant de beaux moments. Contrairement aux éditions précédentes et aux closings survoltés qu’on pu faire Simon Patterson, John O’Callaghan ou encore Ben Nicky l’an passé, Alda a misé sur la mélodie, la fraîcheur et la légèreté d’Omnia et Ben Gold. Réunis sous le nom de Futurecode pour l’occasion, les deux compères ont eu la lourde tâche de clôturer l’événement. Alors oui, le closing fait parler car ce set à clairement ralenti l’intensité des artistes précédents. Même si les fans des deux artistes présents sur scène ont pu se régaler en écoutant leurs plus grands classiques (I Believe, The Fusion, I’m In a State Of Trance, etc…) nous sommes clairement restés sur notre faim et aurions aimé un closing plus épique. Même en matière de show light qui était complètement fou pour le closing de Ben Nicky l’an passé, il semblait plus timide et moins percutant. C’est plus le choix artistique de placer Futurecode en fin de soirée que nous regrettons aujourd’hui et non la performance des artistes qui auraient eu tout son sens en début de soirée.
En conclusion
L’éclectisme musical proposé par ASOT fait plaisir et nous sentons un véritable désir de proposer l’expérience la plus enrichissante possible. Malgré un light show décevant par rapport à l’année passée, nous ne pouvons que saluer la classe avec laquelle les artistes nous ont fait voyager tout au long de la soirée. À deux ans du symbolique ASOT 1000 et pour réussir à se renouveler et mettre tout le monde d’accord, peut-être qu’Alda devrait chercher à développer plus loin que le « simple » événement familial. Nous pensons qu’ils peuvent proposer un véritable concept d’événement, par exemple lié à toutes ses scènes et leurs différents styles, ou chercher à développer une histoire à travers ses thèmes pour créer une plus grande cohérence et une immersion encore plus poussée aux fans de Trance venus du monde entier.