(ou le retour des bankables)

Le vent de la scène électronique tourne d’année en année et les artistes s’agitent au gré de leurs inspirations, du moins sur le papier. Certains les qualifierons joyeusement de girouettes opportunistes, d’autre se réjouirons d’un retour de passion enflammée et sincère. Le fait est qu’il s’avère plus ou moins difficile de juger, mais la critique ne se veut point être juge mais partisane d’une philosophie, celle de l’empathie artistique. Nous avons eu la chance, prétendument inespérée, d’assister au « retour » d’artistes anciennement estampillés Trance sous leurs alias, dont certains sont légendaires ou du moins bien connus. Cependant, pour certains pionniers comme Ferry Corsten ou Sander van Doorn, il serait réducteur de vouloir leur associer une étiquette, du fait de leur contribution à notre culture musicale.

Ainsi, le 25 mars 2017 était l’occasion de voir réunis ces artistes, en phase de reconquête d’un public perdu, à l’UMF sur la Megastructure dédiée à ASOT. Le fait est que les sets ont été remarqués, mais pas toujours remarquables.

  • Alpha 9, le nostalgique

    No Arty, No Party ? – crédits : A State Of Trance

    Il fût un temps où nous étions nombreux à crier « No Arty, No Party ! », temps qui, visiblement, manque à Arty puisque le jeune artiste Russe s’est évertué à délivrer un set frais et parfois romantique, mais tirant un peu sur la corde nostalgique. Ainsi, pendant une heure nous avons revécu des émotions autour des années Anjunabeats pre-2012, toujours est-il qu’il n’aurait pas été inintéressant d’avoir plus de nouveauté. Bonne note tout de même pour Alpha 9.

  • Purple Haze, le mystérieux

    Retour gagnant pour Sander van Doorn

    Probablement le plus attendu avec Gouryella, Sander van Doorn s’est présenté derrière les platines en tant que Purple Haze. Et il faut dire que Sander a su nous faire plaisir, en nous replongeant dans son ancien univers fétiche très orienté techno-trance. Là où Purple Haze se démarque d’Alpha 9, c’est que la nostalgie est modérée, le neuf et le vieux sont savamment mêlés pour nous offrir un cocktail de sons lumineux et sombres à la fois, le tout auréolé de teintes rétro futuristes. Plusieurs ID sont joués, dont certains sous l’alias Phaze de Sander van Doorn, et c’est si bon qu’on en redemande. Le set est magnifiquement clôturé par le fameux Hymn 2.0, qui n’avait pas résonné depuis quelques années dans un contexte ASOT.

  • NWYR… W&W

    Le visuel est au point

    Le plus gros flop de la soirée, mais assez prévisible, aura été le retour du duo W&W sous l’alias NWYR. Une grande partie de leur prestation s’est avérée proche de leur style de 2013, le même qui leur a valu l’exil de la scène Trance. Ce n’est pas tant au niveau de l’approche artistique que le bât blesse, qu’au niveau de la fumisterie que le duo déçoit, car la promesse de faire du neuf se meut en recyclage total. Malgré, quelques éléments trancy dans certains morceaux, les artistes peinent à convaincre et il nous a fallu attendre le dernier quart d’heure pour profiter de quelques titres plus emballants à la sauce AK47 ou Invasion, mais c’est bien peu pour autant de buzz.

  • Gouryella, le magicien

    Il était une fois… – crédits : A State Of Trance

    Sander van Doorn ayant mis la barre haut, qui de mieux que Ferry Corsten pour relever le challenge ? Bien que réduit à Ferry seul, aujourd’hui Gouryella vit tel un phénix qui renaît de ses cendres, nous gratifiant de morceaux comme le magnifique Anahera en 2015, mais surtout d’une compilation d’une qualité reconnue : From The Heavens. Par conséquent, les attentes étaient grandes, et le lutin Ferry s’est employé dès le départ à nous envoûter. L’histoire commence avec une belle Intro Edit d’Anahera, et se poursuit avec quelques classics, la seule nouveauté est Venera, morceau dernier né de l’artiste. Clairement, Corsten est fidèle à son essence et joue sur ses sonorités électriques et angéliques à la fois, cependant le set est gagnant simplement parce que Gouryella s’affiche peu en live. En effet, la tracklist est quasiment exactement la même que celle présentée dans la compilation, ainsi, il reste à espérer que chaque performance ne sera pas un copier-coller des précédentes.

Petit mot pour la fin, on ne comptera probablement pas Andrew Rayel dans les hypothétiques futurs revenants, car encore et toujours, la créativité du moldave semble usée jusqu’à la moelle.

Mention Très Bien :
Sander van Doorn as Purple Haze

Mention Bien :
Ferry Corsten as Gouryella

Mention Assez Bien :
Arty as Alpha 9

Mention Passable :
W&W as NWYR

Une conclusion s’impose sur ce courant de revenants : il est sympathique de revoir des figures qui nous ont enchantés par le passé. Toutefois, nous pourrions attendre de ces anciennes gloires qu’elles proposent quelque chose de plus novateur pour certaines, et ne nous vendent pas de recyclage sous couvert de renouveau. De l’autre côté de la scène, loin dans la Trance underground, des figures ont déjà montré il y a quelques semaines une hostilité certaine sur ces revirements. Nous pouvons néanmoins saluer la fraîcheur que cela apporte de retrouver une énergie perdue. 2017 nous dira si c’est une passade, ou si ce retour vient d’un vrai élan du cœur.

Pour vous faire votre propre avis, ou pour réécouter les sets mentionnés dans cet article c’est ici que ça se passe :