Alors que le bébé d’Insomniac cartonne aux USA et en Australie depuis deux ans, la franchise Dreamstate débarque pour la première fois en Europe. C’est donc à Londres, haute place de la musique électronique européenne et mondiale, qu’Insomniac a établi ses quartiers d’un soir avec l’ambition de nous faire voyager au pays du rêve. Dans les faits, « Your Trance Destination » – la devise du festival – s’est révélé être BanalState, et ce malgré la qualité des pilotes engagés pour piloter l’avion. Retour sur une franche déception.

Avant le festival, plantons le décor. Malgré son jeune âge, le concept Dreamstate a vu sa première date le 27 novembre 2015 à Los Angeles. Le festival Dreamstate est, pour le moment, une réussite totale. « Sold out » dès sa première édition, le festival vient combler un manque criant sur la scène Américaine. Le titre utilisé par nos confrères de Your EDM pour qualifier la première édition de ce festival va dans ce sens : « This is the trance festival that US needed » (c’est le festival trance dont les États-Unis avaient besoin). Dès lors, le festival s’est exporté avec brio en territoire Australien, avec tout autant de réussite.

En effet, ça fait envie !

Au programme, un laser show qui rappelle le festival Transmission à Prague, une mise en scène soignée et des line-ups orientés vers l’Uplifting, la Tech-Trance et la Psy-Trance. Cocktail gagnant pour Insomniac.

Le lieu

Sobre, élégant, ça a de la gueule !

C’est donc à l’O2 Academy de Brixton que s’est déroulé la première édition européenne du festival Dreamstate. Le décor, sobre et élégant, se marie efficacement avec les mélodies proposées par la trance music. D’une capacité de 4921 personnes, cette salle permet un rapport bigshow/intimité des plus séduisants, parfait compromis pour un public trance qui se revendique avant tout familial.Un point pour Dreamstate London !

Les barrières étaient trop chères pour Insomniac

Le Line-Up

Accrochez-vous, ça va speeder !

138. Ce chiffre seul résume l’ensemble de la line-up du soir. De Shugz à Vini Vici, le registre de tous ces dj se situe entre 138 et 140 bpm (battements par minute). Que ça cogne (Bryan Kearney, Shugz), que ça plane (Aly & Fila, Dan Stone, Menno De Jong), que ça soit psyché (Vini Vici) ou OldSkool (Paul Van Dyk), il y en a pour tous les goûts, à condition d’aimer la vitesse ! Pour les amateurs de progressive ou de sonorités plus deep, ne vous arrêtez pas au risque d’être fortement déçu. Seul petit point noir, aucun DJ set de 2h, ce qui ne laisse pas du tout le temps aux artistes de réellement s’exprimer. On commence malheureusement à prendre l’habitude « mainstream » des festivals EDM proposant de ridicules prestations de 45 minutes par set. Il serait temps de se remettre en question, quantité n’est pas synonyme de qualité.
Et maintenant, ça a donné quoi ?

L’ambiance

Comme d’habitude dans un festival trance : familiale. La réputation du public trance n’est plus à faire, elle est l’une des meilleures tous genre confondus. Sous la bannière Trance Family, tout le monde se réunit, les sourires sont présents, le public est connaisseur et reprend les hymnes phares du genre à tue-tête… chez TranceVision, nous y sommes sensibles, et nous adorons (sauf quand je chante…) ! On regrette juste la faible affluence. Un signe ?

Bouge ton corps bébé !

Concernant les DJs, peu/pas de surprise au programme. Tout le monde a assuré le travail, les sets produits étant d’excellente facture. La prestation de Shugz, warm-up de la soirée, était particulièrement difficile au vu de son registre habituel, orienté tech-trance. Cependant, il a réussi à s’adapter sans pour autant se renier. Le B2B entre Dan Stone et James Dymond a tenu toutes ses promesses, planant et mélodieux, un vrai bonheur pour les amateurs d’uplifting.

– C’est mon potard ! – Non c’est le mien !

Ensuite, Menno de Jong a été sobre, peut-être un peu trop ce qui rend sa prestation moins marquante. Bryan Kearney a véritablement dynamité la soirée par ses sonorités tech. Les superstars Egyptiennes Aly & Fila ont su varier leur registre en proposant d’enivrantes mélodies mélangées à quelques musiques plus rythmées et saupoudrées de « classics tracks ». Paul Van Dyk, quant à lui, impressionne toujours au vu du matériel utilisé pour ses sets live. Cependant, son registre est trop plat d’une prestation à une autre, et soulève moins les foules. Pour clôturer la soirée, la psy était à l’honneur avec Vini Vici.

Je mets les gaz !!!!

Autre point noir pour de nombreux « dreamers », le son a mis trop en avant les basses alors que le style trance s’exprime davantage dans des fréquences aiguës. De nombreux festivaliers sont sortis déçus par rapport à ça. Je suis de leur avis, même si cela m’a moins dérangé.

La mise en scène / le lightshow

Énorme point noir de la soirée. Autant le dire tout de suite, les « dreamers » ont de quoi être déçus. La franchise était pourtant fortement attendue à ce niveau-là car souvent comparée à Transmission, classé de nombreuses fois comme étant le festival au plus beau lightshow au monde. De nombreux déçus de ce dernier festival, notamment au vu de certaines éditions un peu trop « EDM » à leur goût, se sont orientés vers Dreamstate, pensant que le lightshow et les prestations scéniques seraient à la hauteur. Il n’en a rien été, bien au contraire.

Sobre, je veux bien, mais faut pas pousser mémé dans les orties…

Si l’on compare aux autres éditions de Dreamstate, on a vraiment de quoi être frustrés. Les photos des éditions américaines et australiennes nous ont tous donnés l’eau à la bouche, tant les efforts d’Insomniac à ce sujet ont été fructueux. De nombreux DJs de renommée, notamment John 00 Fleming et Christopher Lawrence, ont été très élogieux à ce propos. Autant dire qu’après cette édition londonienne, les avis seront fortement partagés sur le concept Dreamstate, le rêve n’ayant accouché que d’une banale réalité, pauvre pour les yeux…

Les à-côtés : merchandising, sécurité, bar…

Autant vous le dire tout de suite, les à-côtés ont été à la hauteur… de la mise en scène. Entre un personnel de sécurité très limite par moments, des consommations excessivement chères (merci Londres !), aucun stand merchandising, une attente interminable pour les vestiaires… c’est à croire que les équipes d’Insomniac ont oubliés qu’il y a quinze jours s’est déroulé l’ASOT et son organisation toujours impeccable. Un joli raté, l’addition est cauchemardesque pour le pays des rêves !

Conclusion

Échec, déception, frustration… les qualificatifs sont certes durs, mais mérités. Venir s’installer en Europe est très difficile au vu de la féroce concurrence présente ici, mais la marche ne semblait pas insurmontable pour Insomniac. Cependant, au vu de la maigre prestation, les « dreamers » seront sûrement moins nombreux la prochaine fois. Un line-up plus audacieux pourrait changer la donne pour certaines personnes, même si celle de cette édition a par ailleurs été à la hauteur. Pour ma part, je ne serai pas du prochain voyage à destination de Dreamstate.